Le courage de vivre ses rêves, partie 2
Cet automne, j'ai pris la décision de repartir aux États-Unis pour l'hiver avec L'Écolière, c'est le nom de mon bus pour les personnes qui me lisent pour la première fois. Ce n'était pas un choix intuitif vue la pandémie Covid qui pousse nos gouvernements à imposer toutes sortes de règles. Une de ces règles me concernant était que j'avais la possibilité de prendre un vol vers les États-Unis, mais je ne pouvais pas traverser la frontière à bord de ma maison roulante. J'ai alors fais quelques recherches, posé des questions, et j'ai trouvé une compagnie de transport qui offrait une formule intéressante pour la modique somme de 1500$! Il faut ce qu'il faut que je me suis dit! Je voulais aller retrouver mon amoureux, tout en gardant mon autonomie. J'aime mon copain, mais je ne me sentais pas prête à vivre avec lui, voyez-vous? Au fait, je crois que je ne suis pas faite pour la vie commune, alors avoir mes quartiers était absolument la chose à faire pour moi, quoi! Bref, j'ai trouvé cette compagnie québécoise qui offrait le forfait du transport du véhicule à Plattsburgh, New York, par un chauffeur, et le vol dans un avion nolisé avec les gens dont le véhicule récréatif (VR) était livré. Sur les quatre véhicules transportés ce jour là, j'étais la seule à ne pas être un couple à têtes grises allant vers la Floride dans un gros VR classe A, vous voyez l'espèce de gros autobus voyageur avec des côtés qui «s'extensionnent»! Bref, j'étais la petite hippie pas rapport dans un bus plein de «patches» blanches (anciennes réparations de trous fait par un propriétaire précédent), et mal peinturé qui allait au Kentucky! J'ai senti le jugement du douanier dans ses observations. Il m'a dit que je n'avais pas assez d'argent pour voyager, et qu'il me laissait passer juste parce que mon véhicule était déjà l'autre bord, et probablement vue le fait que la compagnie québécoise qui a fait le transfert avait bonne réputation. «Mais attention madame, vous avez un drapeau rouge à votre dossier, la prochaine fois que vous voudrez revenir, il faudra prouver vos revenus et votre argent en banque». Ok Monsieur, merci! Ouf!
J'ai ensuite roulé les 1700 km qui me séparaient encore de ma destination au Kentucky. Jusque là, tout va bien, même si j'ai failli manquer de gaz en pleine nuit au milieu de nulle part dans le parc national des Adirondacks. J'ai jamais été aussi contente de voir une station service!
Je me stationne chez mon copain, la vie est belle, je suis heureuse. Une semaine plus tard, mon bus ne démarre pas. J'appelle CAA, AAA aux États-Unis, et ils ne veulent pas payer pour mon remorquage. Ok. Je paie. 200$US (près de 270$ canadiens)... mmmm.... Mon bus est remorqué au garage où un mécanicien avait bien dit travailler sur les véhicules diesel. Toutefois, après avoir attendu 5 jours (congé du Thansgiving oblige), il m'annonce seulement dans l'après-midi le lundi quand je l'appelle qu'il ne pourra pas travailler sur mon véhicule. Bon. Je dois payer pour un autre remorquage. Cette fois-ci, c'est 150$US, c'est moins pire, mais ça fait quand même suer. On appelle un autre garage et on s'assure qu'ils pourront effectivement travailler sur mon véhicule cette fois. La réceptionniste m'assure que oui. Une fois rendue là-bas, ça semble correct, mais... non... le lendemain matin, le mécanicien explique au beau frère de mon chum (il est mécanicien) que pour faire la job qu'il pense devoir faire, il faut littéralement retirer le châssis du bus, et pour ce faire, démonter mes armoires et mon lit! Quoi!! Ben voyons! Ah, et ça ne coûtera pas en bas de 1500$US (près de 2000$ canadiens). Ouch! J'ai de gros doutes. Aussi, à ce stade, je me demande si ça vaut vraiment la peine de réparer, et je ne suis pas convaincue du diagnostic, d'autant plus que je n'ai jamais eu la chance de parler ou de voir le mécanicien en personne. La réceptionniste inventant des raisons, et me disant que tout le monde à ce garage avaient été bien surpris de voir ce type de moteur dans ce type de châssis. Je trouve ça louche. Je comprends par la bande que ces mécaniciens ne veulent tout simplement pas se lancer dans ce travail. Mais, je ne peux le laisser aller comme ça, en ayant l'impression que j'avais affaire à des ignorants. Je dois voir un connaisseur. J'apprends effectivement entre temps que mon type de moteur Ford E350 6L monté dans un châssis van est très difficile à travailler et que ça prend un expert. Je trouve donc ce dernier grâce à l'aide d'une personne généreuse dans le groupe Facebook Québec Vanning qui a fait des recherches pour moi. Effectivement, le jeune mécanicien trouvé connaît son domaine et sait ce qu'il en est de mon moteur spécifique. Il trouve un problème avec mon FICM (Fuel Injector Control Module), donc après environ 1000$ canadiens, c'est réparé! Je suis aux anges, je suis tellement attachée à ma petite maison, ma bulle. On peut finalement quitter le Kentucky 2 semaines plus tard que prévu, et on va passer du temps sur les plages du Texas. Magique!
Je campe directement sur les plages. Je travaille en ligne en regardant le magnifique paysage. Je me sens choyée. La lune est magnifique un de ces soirs là. Merveilleux moments!
On reprend la route vers San Antonio, et sur l'autoroute, mon moteur produit un bruit étrange et de la grosse boucane grise sort de mon tuyau d'échappement. Je n'ai pas le choix de m'arrêter là, c'est dangereux, mais au moins je ne suis pas seule, et pour une des rares fois, c'est mon copain qui me suivait. Il peut se garer derrière moi. J'arrête le moteur, je regarde ce qui se passe, je rajoute de l'huile. Non, ça marche pas, je ne peux redémarrer. Bon. Ok, un autre remorquage en vue. C'est juste mon 4e à l'intérieur d'un mois. Je reste positive. Je trouve un garage de campagne qui ne travaille que le diesel (tracteurs et autres), je me dis, c'est bon ça, ils vont pouvoir m'aider! Mais bon, là on tombe sur le jour de l'an, je dois attendre 4 jours avant de savoir que ça va me coûter 2500$ canadiens. Câl@%!!?%se! On défonce l'année dans un stationnement du Walmart, ouin, j'ai connu mieux... Je ne peux plus me permettre de mettre de l'argent là-dedans, et pas savoir quel sera le prochain problème. Je dois laisser le bus derrière moi. Malheureusement, je suis aux États-Unis, mon véhicule est canadien, je ne peux pas le vendre pour la route. Ma seule solution est la vente à perte pour les pièces. Au moins, le monsieur du garage veut bien m'accommoder et l'achète. Ça me fait un remorquage de moins à payer. Ah, et j'avais eu le dernier remorquage de payé par CAA, c'était une bonne nouvelle! Pas le choix de s'accrocher à tous les petits détails positifs quand la merde arrive, hein?
Je suis chanceuse de ne pas être seule, mon copain est là pour m'héberger. Il a un grand campeur, ça aide. Ça reste que nous n'étions pas trop prêts à partager la vie commune. Ça reste plus petit qu'un studio, et il la tension monte facilement. On s'adapte tranquillement. J'ai donné énormément de choses, encore (une étape de plus vers le minimalisme), mais bon, ça faisait un bout que j'y pensais. Voilà ma chance! Je tri, je donne, je vends, je fais des cadeaux. Il me reste encore trop de choses pour voyager en sac à dos disons, mais wow, je me libère tranquillement mais sûrement du matériel! Ça fait du bien. Je me sens de plus en plus soulagée. Même la perte du bus me soulage de l'anxiété qui continuait de peser sur moi. Je suis extrêmement triste, car j'y suis très attachée, et j'adore avoir ma petite bulle de réconfort, mais je suis aussi délivrée. À partir de maintenant, tout est possible! Plusieurs chemins peuvent être choisis. J'ai d'autres rêves. Toutefois, je tiens à vous dire que je n'ai pas été si positive dès l'annonce du prix de réparation, ainsi que lors de la prise de décision d'envoyer mon véhicule au recyclage. Oh, non! J'ai tellement pleuré! J'ai aussi eu plusieurs pensées négatives à mon égard. Je me suis trouvée tellement stupide de voyager avec tout les objets qui comptent le plus pour moi. J'ai ressenti l'achat de ce bus comme un terrible échec. Une chance que j'ai un entourage extraordinaire! Ce dernier a fait toute la différence. Les mots reçus m'ont touchée et m'ont donnée la force et le courage de continuer à regarder de l'avant et à être fière du chemin parcouru!
Poursuivre ses rêves n'est pas facile. C'est souvent inconfortable, mais ça fait grandir et ça rend plus forte. Ça transforme, ça façonne. Ça permet de rendre chaque petits moments plus merveilleux les uns que les autres. Ça permet de donner du goût à la vie. Parfois c'est amer, mais souvent, c'est juste parfait!
Je vous laisse sur ces quelques images de quelques bons moments parmi tant d'autres de la vie de L'Écolière.
22 000 km parcourus et 555 jours de vie avec elle comme maison. Elle restera à jamais marquée dans ma mémoire! Merci pour tout L'écolière! R.I.P. in Texas ma chère!
La fille qui va... sans son Skoolie
J'ai beaucoup apprécié lire ton récit... moi je suis trop avancée dans la vie pour pouvoir réaliser ce rêve que j'ai toujours eu... toi tu as pris la bonne décision... faut toujours foncer dans la vie et ne jamais remettre un rêve à plus tard, parce que "plus tard" c'est trop tard et dis-toi qu'il vaut mieux avoir des remords que des regrets... Bonne route et à +
RépondreEffacerMerci du conseil. Effectivement, je me dis que la vie c'est maintenant, il faut le plus possible éviter de remettre à plus tard. Si ce n'est pas trop indiscret (et aucune obligation de répondre ici), pourquoi est-il trop tard pour toi? Je rencontre plusieurs femmes âgées sur mon chemin qui ont fait le choix de ce mode de vie.
EffacerTriste nouvelle, heureusement que tu n'étais pas seule là-bas. Je te souhaite plein d'autres rêves pour la suite de ta vie! Merci pour le partage!
RépondreEffacerÇa fait plaisir! Oui, effectivement, j'ai été chanceuse de ne pas vivre cela seule. Merci!
EffacerMerci de partager! Et merci de faire des choix pour toi! On a besoin de gens qui suivent leurs rêves et qui surmontent des peurs. Et qui opèrent des détachements et qui prennent des risques. On en a besoin pour l'inspiration. Merci de nous proposer un modèle différent. Jamais ça n'a été une erreur de faire équipe avec l'Écolière, ni de l'avoir ramener aux States, ni de l'avoir remorquer 4 fois. Y'a jamais d'erreurs, que des expériences. Une nouvelle étape s'ouvre à toi. Enjoy! xx
RépondreEffacerMerci! C'est toujours bon de lire ce genre de commentaires. Ça m'aide à continuer. Je garde en tête que le processus, et donc la route, compte beaucoup plus que la destination finale. Au fait, la destination n'est-elle pas le moment présent? N'est-ce pas tout ce que nous avons réellement? Aussi bien en profiter au maximum, hein?!
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